Histoire du tarot

Histoire du tarot

Histoire du Tarot

Pour mieux comprendre les cartes du Tarot de Marseille, quel que soit sa version restaurée, un peu d’histoire est utile.

Vous trouverez quelques jalons historiques sur cette page.

Pour aller plus loin consultez les articles suivants qui détaillent l’histoire du tarot par périodes :

Clé du Tarot

Des Origines Difficiles à Cerner

On en est réduit aux suppositions sur le berceau où a vu le jour le premier tarot. On le place volontiers dans les régions où ont vécues les grandes civilisations anciennes, comme la Mésopotamie.

Aujourd’hui on sait que certaines croyances sur le premier tarot ne sont que des faux bruits créés de toutes pièces au cours des siècles, comme Le Livre de Thot qui ne serait pas à proprement parler un livre, mais un recueil de cartes similaires à celles du tarot de Marseille. Des recherches historiques récentes ont conclu que ces cartes n’ont certainement jamais existé.

Plus tard, les compagnons et les imagiers bâtisseurs de cathédrales, les tailleurs de pierre, les trouvères et les troubadours, les copistes lettrés ou religieux, tout ce monde médiéval influence l’imagerie des cartes.Les cartes mettent en chair des situations, des sentiments, des événements, et les habillent à la mode du Moyen Age, que les jeux soient des œuvres d’art destinés aux princes italiens ou pas. Les cartes sont utilisées pour jouer, mais elles servent aussi à donner des leçons de vie.

Voici ce que Charles Etienne écrit à propos du tarot dont les cartes lombard-vénitiennes sont issues: »L’inventeur des chartes italianes, desquelles on s’esbat au jeu appelé tarault, fait, à mon avis, fort ingénieusement, quand il met les deniers et les bastons en combat à l’encontre de force et justice; mais encore mérita il plus de louage d’avoir en ce dict jeu donné plus honorable lieu au Sot [note de la rédaction: le Mat ou le Bateleur, arcane I?], ainsi que nous à l’az, que nous debvons appeler narr, qui signifie sot en allemant ». Les figures qui ont traversé les siècles et servent à la divination étaient donc déjà présentes dans les tarots qui servaient de jeu d’argent ou de loisir.

Selon une version, Jean Noblet, un cartier (fabricant de cartes) parisien, puis Dodal, un cartier lyonnais, au début du XVII° siècle, éditent chacun un jeu qui serait l’ancêtre du Tarot de Marseille. Aujourd’hui, on suppose fortement l’existence d’un « tarot maître », antérieur à ces deux tarots, souvent copié ou arrangé en fonction des coûts de fabrication ou des goûts et convictions personnelles.

Clé du Tarot

Première Apparition du Tarot de Marseille

L’appellation « tarot de Marseille » se rencontre pour la première fois en 1859. Il n’est pas fabriqué à Marseille, on suppose que c’est sa forte popularité auprès des joueurs de cartes marseillais qui en est à l’origine.

Puis le tarot de Marseille sera plusieurs fois retouché, en fonction des modes, des moyens d’impression des cartes ou de la politique des gens au pouvoir: les couleurs, les numéros des arcanes majeurs, les personnages changent, l’absence fréquente de décors est remplacée par des paysages foisonnant… A la Révolution, par exemple, en France, les moules des figures religieuses (le Pape, la Papesse, les anges) ou royales (l’Empereur, l’Impératrice) sont saccagés, et les personnages en question sont redessinés et renommés. Malgré tout, l’imagerie des temps anciens traverse les siècles, pour renaître plus fidèlement encore à notre époque.

Entre temps, au XIX° siècle le tarot retrouve sa noblesse grâce à un engouement sans précédent, en France en particulier, pour les sciences occultes et pour la divination par les cartes. Les Italiens et d’autres peuples européens, les Français, les Anglais, etc. utilisent les tarots, non comme jeux de distraction ou d’argent, mais comme moyen de lire les réponses données aux questions qu’on se pose sur notre devenir.

Jean-Baptiste Camoin, au XIXème siècle, puis Grimaud, au début du XXème siècle, et enfin Marteau en 1930, qui s’inspirent de Camoin, éditent l’actuel tarot de Marseille, appelé « Ancien Tarot de Marseille ». On sait aujourd’hui que le choix des couleurs par Camoin a été fait dans un souci d’économie sur le coût de la production des cartes. Ce qui n’enlève pas de la valeur au jeu ainsi refait.

Quant à Paul Marteau, un regard virulent est porté sur lui par l’auteur du site « Les Secrets du Tarot » qui écrit sur lui, dans un article du 28 avril 2013 sur « Le Tarot de Nicolas Conver, 1760 »: « Il [Paul Marteau] commit la trahison par excellence: bidouiller, triturer, malaxer une tradition”. Marteau est accusé d’avoir produit à des fins commerciales une « médiocre copie du Conver ». Malgré tout, l’auteur de ce pamphlet tempère sa critique véhémente en reconnaissant que l’Ancien Tarot de Marseille fait partie des tarots de base de la cartomancie.

On pratique toutes sortes de Tarots mais les puristes préfèrent les versions restaurées du Tarot de Marseille, parce que son iconographie est ardue mais aussi très puissante quand il s’agit d‘éveiller des résonances en nous.

Aux XXème et XXIème siècles, les tarots nouveaux foisonnent. Des pointures en tarologie, comme Kris Hadar (né en 1950), Français installé au Québec, produisent des tarots souvent marginaux et créatifs qui respectent les grands mythes charriés par l’inconscient collectif, et qui fournissent une lecture des cartes quasi universelle.

Dans les années 1990, Philippe Camoin, descendant de Jean-Baptiste Camoin, s’associe à Alexandre Jodorowsky pour reconstituer le tarot de Marseille d’origine. Ces travaux de reconstitution se termineront en 1997. Leur tarot et celui de Marteau se ressemblent malgré des différences de couleurs et de détails. Ils permettent tous deux des lectures riches de leurs cartes. Il est d’ailleurs enrichissant de mettre leurs cartes respectives en parallèle pour saisir les nuances d’interprétation.

La façon de pratiquer la lecture des cartes de Philippe Camoin est particulière. Il affirme en particulier que « Le tarologue doit s’effacer devant la Présence », cette force universelle supérieure avec laquelle les cartes du tarot (entre autres) permettent de communiquer.

Alexandro Jodorowsky, dans son livre co-écrit avec Marianne Costa, « La Voie du Tarot », avoue le grand mystère qui fait que les cartes nous parlent sans mentir. La divination est un lien invisible qui se tisse, le temps d’une consultation des cartes, entre le demandeur, l’interprète et les cartes tirées.